Un professeur de collège, en pleine dépression nerveuse, s'empare d'une arme amenée dans l'enceinte scolaire par l'un de ses élèves. Mais dans l'empressement, elle tire involontairement dans la jambe d'un des adolescents. A bout, elle décide de prendre tous les élèves en otage...
Sur un sujet que je connais bien, J.Paul Lilenfield mène habilement cette prise d'otage sur fond de colère sociale. Le phénomène "ghetto" à la française, ses cités, ses banlieues et l'inactivisme de la part des responsables éducatifs est mis en avant. Saupoudré de l'intervention policière qui est l'alternative à la solution éducative quand la prévention ne sert plus à rien.
Isabelle Adjani est superbe dans son rôle de prof dépressif et Denis Poladyles lui donne une réplique excellente mélangeant, par moment, drame et humour. Les élèves sont plus que crédibles (à croire qu'ils ne jouent pas là leur propre rôle). Sans amplifier les insultes et autres menaces, c'est tout à fait ce qu'il se passe dans les zones sensibles (et ailleurs ...)
Sans tomber dans le documentaire, le réal aborde des sujets aussi différents qu'importants dans l'éducation à l'école aujourd'hui. Mais ce que j'aime tout particulièrement c'est le visage inactif et désinvolte de l'Education Nationale qui se lave les mains dès qu'il y a un problème et se trouve toujours des excuses.
A titre personnel, on n'a pas montré le rôle que pouvait avoir les autres acteurs sociaux de terrains qui, sans se plaindrent ouvertement comme les profs et autres responsables d'établissement, agissent plus dans l'ombre en récupérant ceux dont l'Ecole ne veut plus. Mais ce n'était pas le sujet du film.
Extra aussi et sacrément culotté de la part du réal de mettre en scène cette prise d'otage par l'intermédiaire de la prof et non d'un élève (comme cela aurait pu se faire). Je retient les mots de Lilenfield lui même qui veut montrer un visage qui peut exister ; et non pas tomber dans une caricature et des stéréotypes ou clichés habituels.
Adjani mérite amplement son César. Elle n'a pas joué ; elle a été cette prof qui existe... , quelque part....